En achetant pour 1,5 milliard de dollars de bitcoins, Tesla ne rehausse pas seulement le crédit des cryptomonnaies : elle légitime la désintermédiation des transferts financiers et, au-delà, une logique post-nationale qui mine la capacité d’action des États sur les leviers fondamentaux de leur souveraineté.
Elon Musk s’inscrit dans l’histoire longue de l’« idéologie californienne », fondée sur le solutionnisme technologique, l’aversion pour l’intervention des États dans la sphère économique et privée, tout en vivant en grande partie des subsides de l’État fédéral – les contrats passés par Tesla avec la NASA en témoignent.
Pour autant, est-ce à dire que le Bitcoin, en lui-même, est un instrument d’abrasion de l’autorité des États, censés être les seuls acteurs légitimes pour battre monnaie ? La question appelle une réponse nuancée. Dans les faits, nombre d’États n’ont pas ce monopole. L’Europe s’est construite sur la délégation de cette fonction régalienne à la Banque centrale européenne avec le traité de Maastricht, qui partage cette prérogative avec les banques privées, dès qu’elles concèdent, par exemple, un prêt à une entreprise ou que la BCE leur rachète des bons du Trésor.
Reste que la technologie qui sous-tend le bitcoin, la blockchain, lance effectivement un défi à l’autorité politique des États. Certaines initiatives, volontiers libertariennes, affichent clairement leur ambition de les dépasser. C’est le cas, par exemple, de Bitnation. Cette startup, animée par des « hacktivistes » (activistes hackers) libertariens, dont sa fondatrice, la Franco-Suédoise Susanne Tarkowski Tempelhof, se présente comme une plateforme de gouvernance collaborative et open source, fondée sur un idéal techniciste d’autorégulation opposé au modèle de l’État-nation.
Au total, faut-il interdire le bitcoin, les cryptomonnaies et, finalement, toutes les initiatives fondées sur la technologie blockchain ? Non, bien entendu. En revanche, le fait que des acteurs dotés d’une telle force de frappe financière, comme Tesla (et Elon Musk), prennent une part active dans le développement de ces outils doit attirer l’attention des décideurs publics, à l’heure où les technologies émergentes entament plus que jamais la légitimité et l’autonomie d’action des États.
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Personne ne sait quelle tournure prendra la pandémie ou si les récentes augmentations de prix seront transitoires, ce qui signifie que les prévisions économiques sont devenues encore plus hasardeuses que jamais. Néanmoins, certaines tendances doivent être surveillées de plus près que d’autres, et certaines politiques doivent être modifiées quoi qu’il arrive.
Déchirés entre les craintes inflationnistes et la peur de la déflation, les banquiers centraux des principales économies avancées adoptent une approche attentiste potentiellement coûteuse. Seule une refonte progressive de leurs outils et de leurs objectifs peut les aider à jouer un rôle post-pandémique socialement utile.
Bien que les États-Unis soient depuis longtemps à la pointe de la technologie, la Chine constitue un défi de taille dans des domaines clés. Mais, en fin de compte, l’équilibre des forces sera déterminé non pas par le développement technologique, mais par la diplomatie et les choix stratégiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Sur plus de 10 000 espèces d’oiseaux, près d’une sur sept est actuellement menacée d’extinction. Le sort des oiseaux, qu’il s’agisse d’individus sauvages ou d’animaux de compagnie, serait plus difficile à ignorer si davantage de personnes comprenaient à quel point ils sont intelligents et complexes.
Historiquement, les succès comme la Conférence de Bretton Woods de 1944 sont beaucoup plus rares que les rassemblements internationaux qui produisent soit de l’inaction, soit des récriminations. La clé est de se concentrer sur ce qui peut être mesuré, plutôt que sur les personnes à blâmer.
La position de l’Inde sur le charbon lors de la récente conférence sur le changement climatique (COP26) a suscité de vives critiques, mais les économies occidentales les plus riches n’ont pas fait grand-chose pour aider la transition écologique des pays en développement. L’Inde, concernée par les conséquences du réchauffement, fera un effort de bonne foi pour contribuer à éviter la catastrophe climatique, mais seulement dans les limites de ce qu’elle peut faire.
L’ère de la « non-paix »Migrants rassemblés à l'intérieur de la zone tampon de la frontière Turquie-Grèce, à Pazarkule, dans le district d'Edirne, le 20 février 2020.
Les récentes tragédies migratoires dans la Manche et aux frontières occidentales de la Biélorussie montrent à quel point les civils sont devenus des armes involontaires dans une nouvelle ère de conflits perpétuels. Les gouvernements se rendant coupables de mauvais comportements sous couvert d’hypocrisie et de déni plausible, une course « vers le fond » est déjà en cours.
La fin du consensus économiqueLa présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen lors de laConférence de presse sur la réponse de l'Union européenne à la crise du coronavirus, à Bruxelles, le15 avril 2020.
Alors que le choc de la pandémie de Covid-19 a initialement suscité l’unité et la convergence en Europe, la phase actuelle de la crise est beaucoup plus délicate sur le plan économique et politique. Si elle est mal gérée, elle peut rouvrir de vieilles blessures et briser la légitimité nouvellement acquise des décideurs politiques.
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Elon Musk s’inscrit dans l’histoire longue de l’« idéologie californienne », fondée sur le solutionnisme technologique, l’aversion pour l’intervention des États dans la sphère économique et privée, tout en vivant en grande partie des subsides de l’État fédéral – les contrats passés par Tesla avec la NASA en témoignent.
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Pour autant, est-ce à dire que le Bitcoin, en lui-même, est un instrument d’abrasion de l’autorité des États, censés être les seuls acteurs légitimes pour battre monnaie ? La question appelle une réponse nuancée. Dans les faits, nombre d’États n’ont pas ce monopole. L’Europe s’est construite sur la délégation de cette fonction régalienne à la Banque centrale européenne avec le traité de Maastricht, qui partage cette prérogative avec les banques privées, dès qu’elles concèdent, par exemple, un prêt à une entreprise ou que la BCE leur rachète des bons du Trésor.
Reste que la technologie qui sous-tend le bitcoin, la blockchain, lance effectivement un défi à l’autorité politique des États. Certaines initiatives, volontiers libertariennes, affichent clairement leur ambition de les dépasser. C’est le cas, par exemple, de Bitnation. Cette startup, animée par des « hacktivistes » (activistes hackers) libertariens, dont sa fondatrice, la Franco-Suédoise Susanne Tarkowski Tempelhof, se présente comme une plateforme de gouvernance collaborative et open source, fondée sur un idéal techniciste d’autorégulation opposé au modèle de l’État-nation.
Au total, faut-il interdire le bitcoin, les cryptomonnaies et, finalement, toutes les initiatives fondées sur la technologie blockchain ? Non, bien entendu. En revanche, le fait que des acteurs dotés d’une telle force de frappe financière, comme Tesla (et Elon Musk), prennent une part active dans le développement de ces outils doit attirer l’attention des décideurs publics, à l’heure où les technologies émergentes entament plus que jamais la légitimité et l’autonomie d’action des États.