ABONNÉS •Au terme d’un week-end de négociations tripartites, l’Etat médiateur vient d’obtenir un accord entre Suez et Veolia. Cette dernière relève son offre de 1,4 milliard d’euros pour incorporer la plus grande part des activités de Suez (équivalente à 10 milliards d’euros sur 17 milliards de chiffre d’affaires en 2020). Le nouveau Suez gardera des activités dans l’eau en France et à l’international, ainsi que des activités numériques et dans l’environnement. Voici l'analyse de Bertrand Camus, directeur général du Groupe Suez, sur les conditions de marché dans lesquelles ont eu lieu les négociations et le rôle que Suez pourra continuer à jouer (paru dans SAY 4, 2e trim. 2021).
Les objectifs du Green Deal qui visent à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050 sont ambitieux et les étapes intermédiaires ne le sont pas moins, puisque le Pacte vert européen prévoit un investissement de 500 milliards sur le budget de l’UE. Surtout, les investissements financiers vont porter sur 350 milliards € annuels sur la décennie à venir. Les efforts à fournir en matière de recherches scientifiques, d’innovations technologiques et d’investissements financiers sont considérables et à la hauteur des enjeux. Face à ce défi commun, les entreprises européennes doivent agir ensemble pour contribuer à faire émerger un nouveau modèle européen de transition écologique et énergétique. Le continent dispose des atouts pour le faire grâce à l’incroyable capacité d’innovation et d’adaptation de ses entreprises.
Pourtant, les ambitions de concentration et de gigantisme de certains acteurs qui cherchent à absorber leurs concurrents font peser un risque grave sur le dynamisme de la R&D européenne. Il faut garder à l’esprit que la saine et intense concurrence est absolument essentielle pour stimuler les capacités d’innovation du tissu industriel. Sans concurrence, nous ne serons ni suffisamment armés, ni suffisamment motivés pour transformer notre économie.
La réussite du Green Deal repose en grande partie sur l’engagement des entreprises
Les mesures du Green Deal, structurées autour d’une réduction exceptionnelle des émissions de gaz à effet de serre et d’un programme d’investissements massifs dans la recherche et l’innovation vont permettre de transformer l’économie européenne en profondeur. Ce chantier est tel, que les États et les gouvernements ne pourront pas réussir seuls.
Dès l’annonce du Green Deal, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a d’ailleurs tout de suite appelé le secteur privé à participer à l’effort historique et à prendre ses responsabilités. Chaque entreprise peut agir à sa propre échelle, soit en réduisant ses propres émissions, soit en déployant des solutions permettant de réduire la consommation d’énergie de ses clients ou encore en augmentant les moyens alloués à la recherche et l’innovation sur des secteurs clés tels que le BTP, la gestion de l’eau, le recyclage ou l’amélioration de la qualité de l’air.
États, entreprises, société civile doivent donc collaborer et vite : attendre n’est plus une option. Les dirigeants européens ont fixé, en décembre dernier, une première étape sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec une baisse de 55 % d’ici à 2030. Il reste donc 9 ans pour atteindre ce premier jalon sur le chemin de la neutralité carbone. 2030, c’est demain et les leaders mondiaux du secteur sont pleinement mobilisés à la tâche.
Les leaders de l’environnement sont déjà fortement engagés en faveur du Green Deal
Par rapport aux autres continents, l’Europe dispose d’atouts considérables en matière d’innovation. Elle dispose de centres de recherches de haut niveau, de capacités de financements importantes et surtout de la présence de leaders mondiaux dans le secteur des services à l’environnement pour qui la transition écologique est plus qu’une opportunité, une exigence car l’Europe ne sera pas épargnée. Ainsi, 14% de la population européenne vit dans des conditions de stress hydrique pendant la période estivale.
Le Groupe Suez, l’un des fleurons européens historiques, a présenté en octobre 2019 son plan stratégique Shaping Suez 2030 dont l’objectif est notamment de se recentrer sur les métiers de l’eau et du traitement des déchets à haute valeur ajoutée. L’enjeu est d’orienter les investissements en R&D pour proposer des solutions innovantes sur ces enjeux grâce à ses solutions de gestion de réseaux en Eau en temps réel. Nous sommes donc présents aux côtés de la population mais également l’un des principaux acteurs en Europe au service des collectivités locales et du tissu économique pour apporter des réponses concrètes aux enjeux du recyclage. Le Groupe a fait de l’innovation le cœur de sa stratégie de développement et investit plus de 120 millions d’euros tous les ans dans la R&D et cet investissement n’a cessé de croître sur les cinq dernières années, en moyenne +10% par an.
Aujourd’hui, l’innovation se concentre autour de la réflexion sur l’utilisation du digital et de la data (le « smart »). Les déchets dangereux, la gestion intelligente des collectes et l‘industrie 4.0 constituent autant d’exemples des domaines d’innovation qui pourraient nous permettre de nous orienter vers la neutralité carbone. La qualité de l’air et des sols est également un enjeu clé avec notamment des solutions permettant de réduire la pollution atmosphérique dans les transports souterrains ou de capter les polluants dans les grandes villes en produisant le principe de la photosynthèse que l’on retrouve dans la nature.
La concurrence nourrit l’innovation et l’affaiblir revient à mettre le Green Deal en danger
Pourtant, les projets de concentration en cours et dont Suez pourrait être la victime, font peser un risque sur les capacités d’innovation du continent. Une telle opération aurait pour conséquence de ramener Suez « 20 ans en arrière ». Que de temps perdu au nom de l’ego à l’heure de l’urgence climatique.
A terme, le meilleur moyen de protéger les atouts industriels européens, n’est donc pas dans la fusion d’entreprises européennes qui sont déjà leaders dans leur secteur, mais passe par une politique industrielle qui favorise l’innovation, un mécanisme de contrôle des investissement directs étrangers renforcé, et par une politique commerciale qui soutienne les entreprises européennes. L'Europe sera compétitive sur le plan international en innovant sans relâche sur son territoire et à l'étranger, en créant des leaders de taille internationale, susceptibles de s'appuyer sur un écosystème européen dynamique composé de leaders mondiaux innovants, de grandes entreprises de services publics, de PME et de jeunes pousses.
Il y a de la place pour chacun dans cet effort pour l’innovation au service de l’environnement.
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Personne ne sait quelle tournure prendra la pandémie ou si les récentes augmentations de prix seront transitoires, ce qui signifie que les prévisions économiques sont devenues encore plus hasardeuses que jamais. Néanmoins, certaines tendances doivent être surveillées de plus près que d’autres, et certaines politiques doivent être modifiées quoi qu’il arrive.
Déchirés entre les craintes inflationnistes et la peur de la déflation, les banquiers centraux des principales économies avancées adoptent une approche attentiste potentiellement coûteuse. Seule une refonte progressive de leurs outils et de leurs objectifs peut les aider à jouer un rôle post-pandémique socialement utile.
Bien que les États-Unis soient depuis longtemps à la pointe de la technologie, la Chine constitue un défi de taille dans des domaines clés. Mais, en fin de compte, l’équilibre des forces sera déterminé non pas par le développement technologique, mais par la diplomatie et les choix stratégiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Sur plus de 10 000 espèces d’oiseaux, près d’une sur sept est actuellement menacée d’extinction. Le sort des oiseaux, qu’il s’agisse d’individus sauvages ou d’animaux de compagnie, serait plus difficile à ignorer si davantage de personnes comprenaient à quel point ils sont intelligents et complexes.
Historiquement, les succès comme la Conférence de Bretton Woods de 1944 sont beaucoup plus rares que les rassemblements internationaux qui produisent soit de l’inaction, soit des récriminations. La clé est de se concentrer sur ce qui peut être mesuré, plutôt que sur les personnes à blâmer.
La position de l’Inde sur le charbon lors de la récente conférence sur le changement climatique (COP26) a suscité de vives critiques, mais les économies occidentales les plus riches n’ont pas fait grand-chose pour aider la transition écologique des pays en développement. L’Inde, concernée par les conséquences du réchauffement, fera un effort de bonne foi pour contribuer à éviter la catastrophe climatique, mais seulement dans les limites de ce qu’elle peut faire.
L’ère de la « non-paix »Migrants rassemblés à l'intérieur de la zone tampon de la frontière Turquie-Grèce, à Pazarkule, dans le district d'Edirne, le 20 février 2020.
Les récentes tragédies migratoires dans la Manche et aux frontières occidentales de la Biélorussie montrent à quel point les civils sont devenus des armes involontaires dans une nouvelle ère de conflits perpétuels. Les gouvernements se rendant coupables de mauvais comportements sous couvert d’hypocrisie et de déni plausible, une course « vers le fond » est déjà en cours.
La fin du consensus économiqueLa présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen lors de laConférence de presse sur la réponse de l'Union européenne à la crise du coronavirus, à Bruxelles, le15 avril 2020.
Alors que le choc de la pandémie de Covid-19 a initialement suscité l’unité et la convergence en Europe, la phase actuelle de la crise est beaucoup plus délicate sur le plan économique et politique. Si elle est mal gérée, elle peut rouvrir de vieilles blessures et briser la légitimité nouvellement acquise des décideurs politiques.
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Les objectifs du Green Deal qui visent à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050 sont ambitieux et les étapes intermédiaires ne le sont pas moins, puisque le Pacte vert européen prévoit un investissement de 500 milliards sur le budget de l’UE. Surtout, les investissements financiers vont porter sur 350 milliards € annuels sur la décennie à venir. Les efforts à fournir en matière de recherches scientifiques, d’innovations technologiques et d’investissements financiers sont considérables et à la hauteur des enjeux. Face à ce défi commun, les entreprises européennes doivent agir ensemble pour contribuer à faire émerger un nouveau modèle européen de transition écologique et énergétique. Le continent dispose des atouts pour le faire grâce à l’incroyable capacité d’innovation et d’adaptation de ses entreprises.
Pourtant, les ambitions de concentration et de gigantisme de certains acteurs qui cherchent à absorber leurs concurrents font peser un risque grave sur le dynamisme de la R&D européenne. Il faut garder à l’esprit que la saine et intense concurrence est absolument essentielle pour stimuler les capacités d’innovation du tissu industriel. Sans concurrence, nous ne serons ni suffisamment armés, ni suffisamment motivés pour transformer notre économie.
La réussite du Green Deal repose en grande partie sur l’engagement des entreprises
Les mesures du Green Deal, structurées autour d’une réduction exceptionnelle des émissions de gaz à effet de serre et d’un programme d’investissements massifs dans la recherche et l’innovation vont permettre de transformer l’économie européenne en profondeur. Ce chantier est tel, que les États et les gouvernements ne pourront pas réussir seuls.
Dès l’annonce du Green Deal, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a d’ailleurs tout de suite appelé le secteur privé à participer à l’effort historique et à prendre ses responsabilités. Chaque entreprise peut agir à sa propre échelle, soit en réduisant ses propres émissions, soit en déployant des solutions permettant de réduire la consommation d’énergie de ses clients ou encore en augmentant les moyens alloués à la recherche et l’innovation sur des secteurs clés tels que le BTP, la gestion de l’eau, le recyclage ou l’amélioration de la qualité de l’air.
États, entreprises, société civile doivent donc collaborer et vite : attendre n’est plus une option. Les dirigeants européens ont fixé, en décembre dernier, une première étape sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec une baisse de 55 % d’ici à 2030. Il reste donc 9 ans pour atteindre ce premier jalon sur le chemin de la neutralité carbone. 2030, c’est demain et les leaders mondiaux du secteur sont pleinement mobilisés à la tâche.
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Les leaders de l’environnement sont déjà fortement engagés en faveur du Green Deal
Par rapport aux autres continents, l’Europe dispose d’atouts considérables en matière d’innovation. Elle dispose de centres de recherches de haut niveau, de capacités de financements importantes et surtout de la présence de leaders mondiaux dans le secteur des services à l’environnement pour qui la transition écologique est plus qu’une opportunité, une exigence car l’Europe ne sera pas épargnée. Ainsi, 14% de la population européenne vit dans des conditions de stress hydrique pendant la période estivale.
Le Groupe Suez, l’un des fleurons européens historiques, a présenté en octobre 2019 son plan stratégique Shaping Suez 2030 dont l’objectif est notamment de se recentrer sur les métiers de l’eau et du traitement des déchets à haute valeur ajoutée. L’enjeu est d’orienter les investissements en R&D pour proposer des solutions innovantes sur ces enjeux grâce à ses solutions de gestion de réseaux en Eau en temps réel. Nous sommes donc présents aux côtés de la population mais également l’un des principaux acteurs en Europe au service des collectivités locales et du tissu économique pour apporter des réponses concrètes aux enjeux du recyclage. Le Groupe a fait de l’innovation le cœur de sa stratégie de développement et investit plus de 120 millions d’euros tous les ans dans la R&D et cet investissement n’a cessé de croître sur les cinq dernières années, en moyenne +10% par an.
Aujourd’hui, l’innovation se concentre autour de la réflexion sur l’utilisation du digital et de la data (le « smart »). Les déchets dangereux, la gestion intelligente des collectes et l‘industrie 4.0 constituent autant d’exemples des domaines d’innovation qui pourraient nous permettre de nous orienter vers la neutralité carbone. La qualité de l’air et des sols est également un enjeu clé avec notamment des solutions permettant de réduire la pollution atmosphérique dans les transports souterrains ou de capter les polluants dans les grandes villes en produisant le principe de la photosynthèse que l’on retrouve dans la nature.
La concurrence nourrit l’innovation et l’affaiblir revient à mettre le Green Deal en danger
Pourtant, les projets de concentration en cours et dont Suez pourrait être la victime, font peser un risque sur les capacités d’innovation du continent. Une telle opération aurait pour conséquence de ramener Suez « 20 ans en arrière ». Que de temps perdu au nom de l’ego à l’heure de l’urgence climatique.
A terme, le meilleur moyen de protéger les atouts industriels européens, n’est donc pas dans la fusion d’entreprises européennes qui sont déjà leaders dans leur secteur, mais passe par une politique industrielle qui favorise l’innovation, un mécanisme de contrôle des investissement directs étrangers renforcé, et par une politique commerciale qui soutienne les entreprises européennes. L'Europe sera compétitive sur le plan international en innovant sans relâche sur son territoire et à l'étranger, en créant des leaders de taille internationale, susceptibles de s'appuyer sur un écosystème européen dynamique composé de leaders mondiaux innovants, de grandes entreprises de services publics, de PME et de jeunes pousses.
Il y a de la place pour chacun dans cet effort pour l’innovation au service de l’environnement.
Article à paraître le 21 avril dans SAY N°4.