Alors que sa popularité continue de baisser à l’approche des élections de novembre, le président américain Donald Trump cherche de nouveaux moyens d’alimenter le sentiment d’insécurité parmi ses électeurs. La recette lui avait permis de remporter la victoire en 2016 et, avant lui, avait bénéficié à Richard Nixon, Ronald Reagan et George Bush père. La réponse de Biden en fera un cas d’école de la lutte contre le populisme.
Avec l’avance de Joe Biden dans les sondages, de nombreux démocrates et certains républicains sont de plus en plus optimistes quant à la défaite du président américain Donald Trump en novembre. Pour les libéraux, l’opinion dominante est que, grâce à la mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 par Trump et à la crise économique qu’elle a déclenchée, les électeurs reviennent à la raison. Mais c’est un constat trop optimiste.
Ce serait une erreur de sous-estimer Donald Trump. Il dispose de formidables atouts qui n’ont rien à voir avec ses réalisations ou ses échecs, et tout à voir avec sa maîtrise du théâtre politique. Il a remporté les élections de 2016 en transformant son inaptitude professionnelle pour la présidence et son tempérament capricieux en une vertu politique. Défier l’establishment a donné de la crédibilité à Trump auprès des électeurs républicains, qui pensaient que les politiciens traditionnels ignoraient leurs intérêts.
Surfer sur la peur
Trump a renforcé son soutien en alimentant les craintes que les immigrants envahissent le pays et menacent la domination des Américains blancs. Il s’est offert comme sauveur. Il cherche aujourd’hui de nouveaux moyens de capitaliser sur les craintes des électeurs. Il pense l’avoir trouvé dans le spectre de la criminalité urbaine.
Exploiter l’insécurité
Trump s’attend clairement à profiter des affrontements chaotiques entre la police et les manifestants dans les grandes villes américaines. Peu importe que la plupart des Américains sympathisent avec Black Lives Matter : si les électeurs croient que la criminalité et le désordre vont augmenter (comme cela a été le cas à Chicago par exemple) et que des émeutes vont éclater, leurs craintes prendront le pas sur les idéaux de justice sociale. Les gens cherchent une protection auprès des représentants de l’autorité. Aucune figure d’autorité n’est plus puissante que le président en exercice des États-Unis, qui supervise d’énormes ressources en matière de sécurité.
C’est pourquoi tant d’observateurs s’interrogent sur le véritable motif de Trump pour envoyer des forces paramilitaires fédérales dans les villes américaines : dissuader la violence ou la provoquer. Comme pour l’immigration clandestine, Trump a tenté de faire le lien entre la crainte des gens pour leur sécurité et l’anxiété plus vaste liée au changement. Tout comme Trump a dépeint les immigrants illégaux comme des criminels et des menaces pour les valeurs traditionnelles américaines, il dépeint les manifestants comme des émeutiers et des menaces pour la culture et l’histoire américaines. À l’entendre, les militants de Black Lives Matter ne se contentent pas de lancer des cocktails Molotov ; ils saccagent les statues des héros américains. Trump suit ainsi les traces de Richard Nixon, Ronald Reagan et George Bush père, qui ont tous provoqué ou exploité la peur du désordre et de l’insécurité sur leur chemin vers la présidence.
Imaginez que les Américains commencent à oublier la mauvaise gestion par Trump de la pandémie de Covid-19, qui s’atténue à mesure que les vaccins arrivent sur le marché et que le port de masques et la distanciation sociale s’installent. Ils ne sont pas très intéressés par les promesses de Biden d’améliorer les soins de santé, de s’attaquer aux injustices raciales, de construire des infrastructures ou de réparer les relations des États-Unis avec leurs alliés. Ils s’inquiètent de la montée en flèche du taux de criminalité, des protestations incessantes et de ce qu’ils considèrent comme des attaques de la gauche contre les valeurs et les institutions traditionnelles. Ils font confiance à Trump pour rétablir l’ordre, et croient en son avertissement selon lequel « Sleepy Joe » ne tiendra pas compte de leurs craintes.
Dans ce scénario, Biden pourrait souligner que la criminalité reste faible par rapport aux normes historiques et qu’il s’agit d’une question locale, et non fédérale. Il pourrait faire valoir que cette criminalité est causée par l’adversité vécue pendant l’enfance, que seuls des programmes sociaux fédéraux bien conçus et des réformes de la police peuvent résoudre. Et il pourrait également faire remarquer que beaucoup plus de personnes aux États-Unis sont mortes suite à la réponse ratée de Trump à la Covid-19 que de personnes qui meurent d’un homicide au cours d’une année typique. Mais, face à un démagogue comme Trump, les faits et la voix de la raison mènent tout droit à la défaite. Les électeurs effrayés ne seront pas rassurés par des analyses statistiques.
Biden pourrait aussi tenter de rediriger la peur des gens vers autre chose : une démagogie de gauche. Il pourrait essayer de susciter une peur de la police, ou d’un État policier dirigé par Trump avec l’aide de paramilitaires fédéraux. Il pourrait aussi suivre l’exemple des populistes classiques, comme Huey Long ou Hugo Chávez, et s’attaquer aux riches et aux entreprises comme étant la source de tous les problèmes. Mais sa décence joue contre lui : un appel aux craintes des électeurs manquera de crédibilité et ne fonctionnerait pas.
Combattre Trump comme McCarthy
En revanche, Biden peut faire de la démagogie de Trump une des thématiques de sa campagne et attirer l’attention des électeurs sur la façon dont son adversaire les a manipulés. Trump, comme McCarthy (voir encadré), a exploité les divisions entre les Américains, corrompu le débat public avec ses mensonges et ses insultes, et attaqué des institutions précieuses, dont le FBI et les centre de contrôles des épidémies. De nombreux électeurs semblent avoir compris qu’il n’a pas grand-chose à leur offrir, si ce n’est du divertissement. Et Trump, comme McCarthy, a peut-être été trop loin lorsqu’il a défié l’armée : en menaçant de déployer du personnel militaire dans les villes américaines, le Président a violé le principe qui sépare l’armée de la politique. Biden pourra lui demander des comptes.
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La fin du consensus économiqueLa présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen lors de laConférence de presse sur la réponse de l'Union européenne à la crise du coronavirus, à Bruxelles, le15 avril 2020.
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Avec l’avance de Joe Biden dans les sondages, de nombreux démocrates et certains républicains sont de plus en plus optimistes quant à la défaite du président américain Donald Trump en novembre. Pour les libéraux, l’opinion dominante est que, grâce à la mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 par Trump et à la crise économique qu’elle a déclenchée, les électeurs reviennent à la raison. Mais c’est un constat trop optimiste.
Ce serait une erreur de sous-estimer Donald Trump. Il dispose de formidables atouts qui n’ont rien à voir avec ses réalisations ou ses échecs, et tout à voir avec sa maîtrise du théâtre politique. Il a remporté les élections de 2016 en transformant son inaptitude professionnelle pour la présidence et son tempérament capricieux en une vertu politique. Défier l’establishment a donné de la crédibilité à Trump auprès des électeurs républicains, qui pensaient que les politiciens traditionnels ignoraient leurs intérêts.
Surfer sur la peur
Trump a renforcé son soutien en alimentant les craintes que les immigrants envahissent le pays et menacent la domination des Américains blancs. Il s’est offert comme sauveur. Il cherche aujourd’hui de nouveaux moyens de capitaliser sur les craintes des électeurs. Il pense l’avoir trouvé dans le spectre de la criminalité urbaine.
Exploiter l’insécurité
Trump s’attend clairement à profiter des affrontements chaotiques entre la police et les manifestants dans les grandes villes américaines. Peu importe que la plupart des Américains sympathisent avec Black Lives Matter : si les électeurs croient que la criminalité et le désordre vont augmenter (comme cela a été le cas à Chicago par exemple) et que des émeutes vont éclater, leurs craintes prendront le pas sur les idéaux de justice sociale. Les gens cherchent une protection auprès des représentants de l’autorité. Aucune figure d’autorité n’est plus puissante que le président en exercice des États-Unis, qui supervise d’énormes ressources en matière de sécurité.
C’est pourquoi tant d’observateurs s’interrogent sur le véritable motif de Trump pour envoyer des forces paramilitaires fédérales dans les villes américaines : dissuader la violence ou la provoquer. Comme pour l’immigration clandestine, Trump a tenté de faire le lien entre la crainte des gens pour leur sécurité et l’anxiété plus vaste liée au changement. Tout comme Trump a dépeint les immigrants illégaux comme des criminels et des menaces pour les valeurs traditionnelles américaines, il dépeint les manifestants comme des émeutiers et des menaces pour la culture et l’histoire américaines. À l’entendre, les militants de Black Lives Matter ne se contentent pas de lancer des cocktails Molotov ; ils saccagent les statues des héros américains. Trump suit ainsi les traces de Richard Nixon, Ronald Reagan et George Bush père, qui ont tous provoqué ou exploité la peur du désordre et de l’insécurité sur leur chemin vers la présidence.
Imaginez que les Américains commencent à oublier la mauvaise gestion par Trump de la pandémie de Covid-19, qui s’atténue à mesure que les vaccins arrivent sur le marché et que le port de masques et la distanciation sociale s’installent. Ils ne sont pas très intéressés par les promesses de Biden d’améliorer les soins de santé, de s’attaquer aux injustices raciales, de construire des infrastructures ou de réparer les relations des États-Unis avec leurs alliés. Ils s’inquiètent de la montée en flèche du taux de criminalité, des protestations incessantes et de ce qu’ils considèrent comme des attaques de la gauche contre les valeurs et les institutions traditionnelles. Ils font confiance à Trump pour rétablir l’ordre, et croient en son avertissement selon lequel « Sleepy Joe » ne tiendra pas compte de leurs craintes.
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Les trois choix de Joe Biden
Dans ce scénario, Biden pourrait souligner que la criminalité reste faible par rapport aux normes historiques et qu’il s’agit d’une question locale, et non fédérale. Il pourrait faire valoir que cette criminalité est causée par l’adversité vécue pendant l’enfance, que seuls des programmes sociaux fédéraux bien conçus et des réformes de la police peuvent résoudre. Et il pourrait également faire remarquer que beaucoup plus de personnes aux États-Unis sont mortes suite à la réponse ratée de Trump à la Covid-19 que de personnes qui meurent d’un homicide au cours d’une année typique. Mais, face à un démagogue comme Trump, les faits et la voix de la raison mènent tout droit à la défaite. Les électeurs effrayés ne seront pas rassurés par des analyses statistiques.
Biden pourrait aussi tenter de rediriger la peur des gens vers autre chose : une démagogie de gauche. Il pourrait essayer de susciter une peur de la police, ou d’un État policier dirigé par Trump avec l’aide de paramilitaires fédéraux. Il pourrait aussi suivre l’exemple des populistes classiques, comme Huey Long ou Hugo Chávez, et s’attaquer aux riches et aux entreprises comme étant la source de tous les problèmes. Mais sa décence joue contre lui : un appel aux craintes des électeurs manquera de crédibilité et ne fonctionnerait pas.
Combattre Trump comme McCarthy
En revanche, Biden peut faire de la démagogie de Trump une des thématiques de sa campagne et attirer l’attention des électeurs sur la façon dont son adversaire les a manipulés. Trump, comme McCarthy (voir encadré), a exploité les divisions entre les Américains, corrompu le débat public avec ses mensonges et ses insultes, et attaqué des institutions précieuses, dont le FBI et les centre de contrôles des épidémies. De nombreux électeurs semblent avoir compris qu’il n’a pas grand-chose à leur offrir, si ce n’est du divertissement. Et Trump, comme McCarthy, a peut-être été trop loin lorsqu’il a défié l’armée : en menaçant de déployer du personnel militaire dans les villes américaines, le Président a violé le principe qui sépare l’armée de la politique. Biden pourra lui demander des comptes.