LONDRES – En semant le vent, on récolte la tempête. La pandémie Covid-19 ne s'est pas manifestée de manière impromptue. Il s'agit plutôt d'une catastrophe naturelle provoquée par l'homme. Ça a mis en évidence un grand nombre de nos mauvaises habitudes et de nos pratiques dangereuses, voire mortelles.
Après tout, la transmission du coronavirus de la chauve-souris à l'homme est le résultat d'une urbanisation massive et de l'empiètement destructeur sur les habitats naturels. Sa propagation rapide est le résultat d'une industrialisation excessive, d'un commerce frénétique et des habitudes de voyage actuelles. De même, l'incapacité du monde à se rassembler pour contenir la crise reflète le décalage entre la capacité de gouvernance et l'hyper-mondialisation.
Beaucoup de ces défaillances étaient évidentes avant l'apparition du virus. Dans de nombreux pays, les gens ont accueilli favorablement les dirigeants nationalistes et populistes qui ont promis une action décisive dans un monde qui semblait hors de contrôle. Mais bien que cette année ait été difficile, il y a au moins cinq raisons de se réjouir pour 2021.
La première raison, qui est aussi la plus évidente, est la défaite du président américain Donald Trump. C'est un soulagement de pouvoir se réveiller le matin sans se soucier de ce que la personne la plus puissante du monde a dit sur Twitter alors que vous dormiez. Les États-Unis seront bientôt de retour entre de bonnes mains. En plus de rendre l'Amérique plus prévisible et plus responsable, la victoire du président élu Joe Biden a des implications importantes pour les démocraties du monde entier.
Les Trumpiens européens que sont le premier ministre hongrois Viktor Orbán et le vice-premier ministre et dirigeant de facto de la Pologne, Jarosław Kaczyński, sont désormais orphelins à la suite de la disparition politique de Trump. Les Européens se préparent à tenir leurs propres élections en 2021 aux Pays-Bas et en Allemagne, et en 2022 en France. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson est déjà en train de changer de cap avec les nouveaux vents politiques. Après la défaite de Trump, il a finalement renvoyé son gourou populiste de Brexit, Dominic Cummings, et a fait savoir qu'il allait créer une nouvelle identité pour le monde post-Trump.
La deuxième raison de se réjouir est que les vaccins Covid-19 sont en bonne voie. Cela permettra un retour progressif à la normale et la manière dont ils ont été développés devrait réaffirmer notre soutien à la coopération internationale. Voir le premier vaccin provenant de BioNTech, une société financée par l'Union européenne et dirigée par deux scientifiques allemands d'origine turque, était tout simplement enthousiasmant. Compte tenu des inquiétudes justifiées concernant le nationalisme des vaccins, il est important que les gens comprennent que l'internationalisme, et non l'esprit de clocher, est la voie à suivre pour sortir de cette crise et d'autres crises mondiales.
Cela m'amène à la troisième raison d'être optimiste : des nouvelles encourageantes en matière de climat. Comme l'ont fait remarquer de nombreux commentateurs, le changement climatique pourrait conduire à une crise encore plus grave que la Covid-19. Mais, après une baisse massive de 7 % des émissions de gaz à effet de serre cette année, nous savons enfin ce qui est possible. Maintenant que les gouvernements ont prouvé qu'ils sont capables de dépenser tout ce qu'il faut en cas d'urgence, ils seront confrontés à une pression croissante pour investir dans les technologies nécessaires à une transition rapide vers les énergies propres.
La quatrième raison de se réjouir est le retour de la confiance dans le gouvernement. Covid-19 a rappelé à tous à quel point une administration publique compétente peut être un atout précieux. Elle a également attiré l'attention sur la nécessité de redistribuer les ressources. Après la crise financière de 2008, beaucoup espéraient que l'orthodoxie néolibérale dominante céderait la place à la social-démocratie et à un plus grand contrôle politique sur l'économie. Au lieu de cela, nous avons eu des sauvetages de banques et d'autres exemples flagrants de socialisme pour les riches et de capitalisme pour les pauvres.
Après une décennie marquée par des mesures d'austérité douloureuses et les bouleversements politiques qui en ont découlé, les gouvernements assument enfin une plus grande responsabilité en matière de bien-être public. Les partis traditionnels, dont les démocrates aux États-Unis, mettent en avant des politiques de soutien aux travailleurs et à la classe moyenne. Ils offrent l'espoir que les inégalités structurelles, qui donnent à beaucoup le sentiment d'être laissés pour compte (et donc ouverts aux appels populistes), seront enfin corrigées.
Cela nous amène à la dernière raison de nous réjouir. La pandémie a déclenché une remise en question du système mondial. Au lieu d'une hyper-mondialisation non réglementée, de nombreuses grandes puissances cherchent des moyens de réconcilier l'appétit pour les biens bon marché, les technologies de pointe et les autres avantages du commerce avec un plus grand contrôle des affaires intérieures. Qu'il soit question de découplage aux États-Unis, de double circulation en Chine ou d'autonomie stratégique en Europe, des débats politiques attendus depuis longtemps sont en cours.
Je trouve la perspective européenne particulièrement encourageante car elle vise à canaliser le désir d'un contrôle accru de manière à éviter un nationalisme autodestructeur. La quête de souveraineté de l'UE s'étend sur au moins cinq thèmes (questions économiques et financières, santé publique, numérisation, politique climatique et sécurité) et les Européens ont bien progressé dans tous ces domaines. La création d'un fonds de relance de 750 milliards d'euros (915 milliards de dollars) montre que des pays comme l'Allemagne sont prêts à franchir leurs lignes rouges traditionnelles dans l'intérêt de la solidarité.
Bien entendu, il est trop tôt pour déclarer la victoire dans l'une de nos batailles actuelles. Face à la résistance républicaine, Biden va se battre pour gouverner un pays polarisé. La livraison de vaccins au monde entier constituera un énorme défi logistique. Les grandes puissances rivales pourraient encore faire dérailler l'agenda climatique à l'approche du sommet climatique COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre. La menace de récession et de nouvelles crises de la dette pourraient exacerber les inégalités et augurer un retour à des politiques plus toxiques. La renaissance du rêve européen dépendra du résultat d'élections nationales très disputées.
Mais à l'approche de 2021, les choses se présentent beaucoup mieux qu'il y a quelques mois. Nous avons maintenant au moins cinq raisons de célébrer la nouvelle année.
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Personne ne sait quelle tournure prendra la pandémie ou si les récentes augmentations de prix seront transitoires, ce qui signifie que les prévisions économiques sont devenues encore plus hasardeuses que jamais. Néanmoins, certaines tendances doivent être surveillées de plus près que d’autres, et certaines politiques doivent être modifiées quoi qu’il arrive.
Déchirés entre les craintes inflationnistes et la peur de la déflation, les banquiers centraux des principales économies avancées adoptent une approche attentiste potentiellement coûteuse. Seule une refonte progressive de leurs outils et de leurs objectifs peut les aider à jouer un rôle post-pandémique socialement utile.
Bien que les États-Unis soient depuis longtemps à la pointe de la technologie, la Chine constitue un défi de taille dans des domaines clés. Mais, en fin de compte, l’équilibre des forces sera déterminé non pas par le développement technologique, mais par la diplomatie et les choix stratégiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Sur plus de 10 000 espèces d’oiseaux, près d’une sur sept est actuellement menacée d’extinction. Le sort des oiseaux, qu’il s’agisse d’individus sauvages ou d’animaux de compagnie, serait plus difficile à ignorer si davantage de personnes comprenaient à quel point ils sont intelligents et complexes.
Historiquement, les succès comme la Conférence de Bretton Woods de 1944 sont beaucoup plus rares que les rassemblements internationaux qui produisent soit de l’inaction, soit des récriminations. La clé est de se concentrer sur ce qui peut être mesuré, plutôt que sur les personnes à blâmer.
La position de l’Inde sur le charbon lors de la récente conférence sur le changement climatique (COP26) a suscité de vives critiques, mais les économies occidentales les plus riches n’ont pas fait grand-chose pour aider la transition écologique des pays en développement. L’Inde, concernée par les conséquences du réchauffement, fera un effort de bonne foi pour contribuer à éviter la catastrophe climatique, mais seulement dans les limites de ce qu’elle peut faire.
L’ère de la « non-paix »Migrants rassemblés à l'intérieur de la zone tampon de la frontière Turquie-Grèce, à Pazarkule, dans le district d'Edirne, le 20 février 2020.
Les récentes tragédies migratoires dans la Manche et aux frontières occidentales de la Biélorussie montrent à quel point les civils sont devenus des armes involontaires dans une nouvelle ère de conflits perpétuels. Les gouvernements se rendant coupables de mauvais comportements sous couvert d’hypocrisie et de déni plausible, une course « vers le fond » est déjà en cours.
La fin du consensus économiqueLa présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen lors de laConférence de presse sur la réponse de l'Union européenne à la crise du coronavirus, à Bruxelles, le15 avril 2020.
Alors que le choc de la pandémie de Covid-19 a initialement suscité l’unité et la convergence en Europe, la phase actuelle de la crise est beaucoup plus délicate sur le plan économique et politique. Si elle est mal gérée, elle peut rouvrir de vieilles blessures et briser la légitimité nouvellement acquise des décideurs politiques.
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Après tout, la transmission du coronavirus de la chauve-souris à l'homme est le résultat d'une urbanisation massive et de l'empiètement destructeur sur les habitats naturels. Sa propagation rapide est le résultat d'une industrialisation excessive, d'un commerce frénétique et des habitudes de voyage actuelles. De même, l'incapacité du monde à se rassembler pour contenir la crise reflète le décalage entre la capacité de gouvernance et l'hyper-mondialisation.
Beaucoup de ces défaillances étaient évidentes avant l'apparition du virus. Dans de nombreux pays, les gens ont accueilli favorablement les dirigeants nationalistes et populistes qui ont promis une action décisive dans un monde qui semblait hors de contrôle. Mais bien que cette année ait été difficile, il y a au moins cinq raisons de se réjouir pour 2021.
La première raison, qui est aussi la plus évidente, est la défaite du président américain Donald Trump. C'est un soulagement de pouvoir se réveiller le matin sans se soucier de ce que la personne la plus puissante du monde a dit sur Twitter alors que vous dormiez. Les États-Unis seront bientôt de retour entre de bonnes mains. En plus de rendre l'Amérique plus prévisible et plus responsable, la victoire du président élu Joe Biden a des implications importantes pour les démocraties du monde entier.
Les Trumpiens européens que sont le premier ministre hongrois Viktor Orbán et le vice-premier ministre et dirigeant de facto de la Pologne, Jarosław Kaczyński, sont désormais orphelins à la suite de la disparition politique de Trump. Les Européens se préparent à tenir leurs propres élections en 2021 aux Pays-Bas et en Allemagne, et en 2022 en France. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson est déjà en train de changer de cap avec les nouveaux vents politiques. Après la défaite de Trump, il a finalement renvoyé son gourou populiste de Brexit, Dominic Cummings, et a fait savoir qu'il allait créer une nouvelle identité pour le monde post-Trump.
La deuxième raison de se réjouir est que les vaccins Covid-19 sont en bonne voie. Cela permettra un retour progressif à la normale et la manière dont ils ont été développés devrait réaffirmer notre soutien à la coopération internationale. Voir le premier vaccin provenant de BioNTech, une société financée par l'Union européenne et dirigée par deux scientifiques allemands d'origine turque, était tout simplement enthousiasmant. Compte tenu des inquiétudes justifiées concernant le nationalisme des vaccins, il est important que les gens comprennent que l'internationalisme, et non l'esprit de clocher, est la voie à suivre pour sortir de cette crise et d'autres crises mondiales.
Cela m'amène à la troisième raison d'être optimiste : des nouvelles encourageantes en matière de climat. Comme l'ont fait remarquer de nombreux commentateurs, le changement climatique pourrait conduire à une crise encore plus grave que la Covid-19. Mais, après une baisse massive de 7 % des émissions de gaz à effet de serre cette année, nous savons enfin ce qui est possible. Maintenant que les gouvernements ont prouvé qu'ils sont capables de dépenser tout ce qu'il faut en cas d'urgence, ils seront confrontés à une pression croissante pour investir dans les technologies nécessaires à une transition rapide vers les énergies propres.
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Après une décennie marquée par des mesures d'austérité douloureuses et les bouleversements politiques qui en ont découlé, les gouvernements assument enfin une plus grande responsabilité en matière de bien-être public. Les partis traditionnels, dont les démocrates aux États-Unis, mettent en avant des politiques de soutien aux travailleurs et à la classe moyenne. Ils offrent l'espoir que les inégalités structurelles, qui donnent à beaucoup le sentiment d'être laissés pour compte (et donc ouverts aux appels populistes), seront enfin corrigées.
Cela nous amène à la dernière raison de nous réjouir. La pandémie a déclenché une remise en question du système mondial. Au lieu d'une hyper-mondialisation non réglementée, de nombreuses grandes puissances cherchent des moyens de réconcilier l'appétit pour les biens bon marché, les technologies de pointe et les autres avantages du commerce avec un plus grand contrôle des affaires intérieures. Qu'il soit question de découplage aux États-Unis, de double circulation en Chine ou d'autonomie stratégique en Europe, des débats politiques attendus depuis longtemps sont en cours.
Je trouve la perspective européenne particulièrement encourageante car elle vise à canaliser le désir d'un contrôle accru de manière à éviter un nationalisme autodestructeur. La quête de souveraineté de l'UE s'étend sur au moins cinq thèmes (questions économiques et financières, santé publique, numérisation, politique climatique et sécurité) et les Européens ont bien progressé dans tous ces domaines. La création d'un fonds de relance de 750 milliards d'euros (915 milliards de dollars) montre que des pays comme l'Allemagne sont prêts à franchir leurs lignes rouges traditionnelles dans l'intérêt de la solidarité.
Bien entendu, il est trop tôt pour déclarer la victoire dans l'une de nos batailles actuelles. Face à la résistance républicaine, Biden va se battre pour gouverner un pays polarisé. La livraison de vaccins au monde entier constituera un énorme défi logistique. Les grandes puissances rivales pourraient encore faire dérailler l'agenda climatique à l'approche du sommet climatique COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre. La menace de récession et de nouvelles crises de la dette pourraient exacerber les inégalités et augurer un retour à des politiques plus toxiques. La renaissance du rêve européen dépendra du résultat d'élections nationales très disputées.
Mais à l'approche de 2021, les choses se présentent beaucoup mieux qu'il y a quelques mois. Nous avons maintenant au moins cinq raisons de célébrer la nouvelle année.